Un musée du parfum à Paris
Il était temps que Paris, la capitale de la mode et de l’art de vivre, ait son grand musée du parfum. C’est désormais chose faite, rue du Faubourg-Saint-Honoré (VIIIe). Dans une démarche novatrice, le musée, qui ouvre ses portes le 22 décembre, propose à travers trois étapes – historique, sensorielle et artistique – un parcours original qui renoue avec le sens olfactif. Du «jardin des senteurs» au «laboratoire du parfumeur» en passant par la «bibliothèque des odeurs», le public est invité à découvrir tout l’univers de la création de parfum dans un voyage personnel. La scénographie résolument interactive et contemporaine s’appuie sur les dernières innovations technologiques pour transmettre un ressenti maximal. Pour explorer toutes les fragrances, le musée s’est appuyé sur un conseil scientifique et culturel avec de nombreuses personnalités comme Sylvaine Delacourte – directrice du développement des parfums chez Guerlain – ou Jean-Claude Ellena, creation de parfum nez d’Hermès. Ce dernier a décrypté pour nous un certain nombre d’idées reçues sur le parfum. La notion de genre est limitée en parfumerie. Elle n’apparaît qu’au début du XXe siècle. Si de nos jours, il est important de marquer une distinction pour des raisons économiques, ce n’était pas le cas auparavant . Mais aujourd’hui encore, les parfums féminins peuvent être portés par des hommes et des fragrances masculines peuvent être utilisées par des femmes. Dans beaucoup de pays – notamment orientaux et moyen-orientaux – le genre n’existe pas. La parfumerie s’est vraiment développée au XXe siècle grâce à la chimie. Celle-ci a ouvert le champ des possibles pour les créateurs. Pour inventer des «jus», molécules naturelles et artificielles ont de plus en plus été mélangées. Au XIXe siècle, la palette de produits naturels est réduite à soixante matières. Aujourd’hui, avec la chimie on en a 10.000! On peut construire beaucoup plus d’odeurs vraiment différentes. Ça ouvre sur l’imaginaire. On sent toujours un parfum dans sa globalité. Dans le temps, certains éléments vont s’évaporer. Pour expliquer ce phénomène, un parfumeur des années 1930 a inventé la pyramide olfactive découpée en trois parties avec les notes de tête, de cœur et de fond. Le degré de volatilité des odeurs serait lié à ces différents niveaux, selon que l’on voudrait que certaines senteurs tiennent plus longtemps. Or ces strates ne correspondent pas à la réalité, car un moment donné, la totalité des fragrances aura disparu.