On aime les parfums sucrés

On aime les parfums sucrés

28 juin 2019 Non classé 0

Barbe à papa, caramel, confiture, chocolat, praline, macaron, carambar… La parfumerie s’est éloignée de ses classiques pour plonger dans les affres de la gourmandise. Avec l’ajout quasi intempestif d’une molécule à l’odeur sucrée, l’éthyl-maltol, s’est dessinée une tendance qui n’en est plus une, tant elle a envahi le marché. Les trois quarts des parfums féminins des cinq dernières années seraient «gourmands». Dans la pléthore actuelle, des fragrances (à boire et) à manger, et peut-être aussi parfois à éviter. Corbeille de fruits à l’appui, l’incontournable éthyl-maltol se révèle pour certains délicieux et addictif; pour d’autres, il est désormais insoutenable. Quand Angel et son flacon étoile ont été lancés dans la galaxie des parfums, nul n’imaginait son succès planétaire et surtout sa postérité sans fin. Différent de tout ce qui existait, parfum Lyon l’Angel de Thierry Mugler jouait sur la gourmandise avec outrance. Auparavant, la gourmandise s’exprimait légèrement, avec quelques notes fruitées (hors agrumes frais et pétillants) et surtout la vanille et la vanilline, synthétisée en 1874. Olivier Cresp, le compositeur d’Angel, se souvient de cette aventure hors norme. Vera Strubi, à la tête de Thierry Mugler Parfums, lui confie la création de la première fragrance du couturier. Sa première formule, une composition très patchouli et vanillée, porte le nom de code «Patchou». Mais il lui manque quelque chose. Le nez passe alors une journée en compagnie de Thierry Mugler. Après avoir évoqué la danse ou la photo, la conversation prend un tournant lorsque le créateur de mode raconte ses souvenirs d’Alsace, de friandises, de gâteaux, de goûters, de fête foraine et de chocolat au lait avec sa grand-mère. Olivier Cresp souhaite intégrer ces inspirations à sa création: «J’ai transcrit ce qui me plaisait», explique-t-il. C’est en ajoutant de l’éthyl-maltol, nommé aussi veltol ou éthyl-praline au laboratoire Firmenich, qu’est finalement né Angel. Inventé en 1969 et six fois plus puissant que le maltol (notamment présent à l’état naturel dans le cacao), ce composant de formule brute C7H8O3 évoque des odeurs de fruits cuits ou de caramel. Avant Angel, il n’était utilisé que dans le domaine alimentaire.